Construction navale chinoise

LA CHINE CONSTRUIT SUR L’ILE DE CHANGXING  LE  PLUS GRAND  CHANTIER NAVAL DU MONDE

 

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L’ile de Changxing, située dans l'estuaire du Yangtsé, province de Shanghai, était jusqu’ici surtout réputée pour ses paysages. Mais depuis l’inauguration le 3 Juin des installations liées à la Phase I de son projet d’investissement de 3.6 milliards de Dollars, elle est en passe de devenir le plus grand chantier naval du Monde. "Un grand pas en avant pour la Chine, qui a pour ambition de devenir le leader mondial de la construction navale», commente Mr Chen Xiaojin, président de la société d’État China State Shipbuilding Corporation (CSSC).

Selon un rapport publié par Morgan Stanley en Août 2007, les avantages comparatifs en construction navale sont les coûts de main-d’œuvre et l'industrie lourde. De sorte que les modèles de croissance économique actuels ont vu les pays développés délaisser cette activité au profit des nations émergentes plus compétitives dans ces domaines, comme l’a illustré le mouvement de délocalisation des chantiers d'Europe vers le Japon, puis la Corée.

Pour beaucoup la prochaine étape est donc la Chine, dont les investissements dans ce secteur laissent augurer une place de Nº 1 mondial pour 2015. C’est en tout cas la volonté affichée du Gouvernement qui se donne tous les moyens en ce sens dans son Onzième plan quinquennal (2006-2010), même si cette ambition représente un défi technologique de taille.

 Hausse massive de la production 

"L'an dernier, le montant des carnets de commandes cumulés des chantiers navals chinois a dépassé celui du Japon pour talonner la Corée du Sud", commente Li Cheng,directeur général adjoint de la Dalian Shipbuilding Industry (DSIC). Selon son Gouvernement, la Chine s’est effectivement engagée pour 98,45 millions de TPL (+132%), soit 42% du total mondial. Selon l'Institut de recherches Clarkson, la part de marché mondiale de l’Empire du Milieu dans le secteur a progressé de 18% en 2006 à 23% l'an dernier, celles de la Corée du Sud et du Japon restant de 35%.

 "La Chine a pour objectif d’augmenter sa production navale à 23 millions de tonnes par an d'ici 2010 et 28 millions d'ici 2015", ajoute Zhang Guangqin, président de l'Association de l'industrie navale chinoise.  Cet espoir repose beaucoup sur les deux sociétés d’état cotées à Shanghai qui dominent le marché national : CSSC et China Shipbuilding Industry Corp (CSIC). En 2007 elles avaient produit 6,55 et 4,24 millions de TPL, et obtenu pour 23,52 millions et 16,16 millions de TPL de commandes, respectivement. Des chiffres en hausse : «Notre bénéfice a presque triplé l'année dernière, pour atteindre 14 milliards de yuan contre 5,2 milliards de yuan en 2006, ce qui nous permet de rattraper notre concurrent coréen Hyundai Heavy Industries. » explique Mr Chen de CSSC.

Mais outre ces mastodontes, le marché chinois a aussi vu un grand nombre de nouveaux entrants domestiques venir augmenter sa capacité de production sous forme de chantiers navals d’appoint gérés par des administrations locales, des groupes privés, ou des coentreprises. On en compte aujourd’hui 3000 contre 350 il y a 10 ans. Une hausse exponentielle non sans risques : si dix-neuf chantiers navals chinois figuraient dans le top 50 mondial publié par Clarkson en août 2007, en France la Chambre Syndicale des Constructeurs de Navires (CSCN) a manifesté son inquiétude quant aux conditions de sécurité offertes par certains chantiers « champignons ». L'effondrement de deux portiques dans le chantier de Hudong Shanghai au début du mois de Juin a confirmé le besoin de maintenir des standards stricts.

 mais une évolution vers le Haut de gamme et l’Offshore…

Selon Morgan Stanley, les chantiers navals Chinois avaient à l’origine concentré leur production sur trois catégories de navires : porte-conteneurs, vraquiers et navires pétroliers. Mais ils se sont adaptés à la demande en se tournant progressivement vers des navires à plus forte valeur ajoutée tels que les méthaniers ou navires à Gaz Naturel Liquéfié et les supertankers. Un repositionnement stratégique qui entraine des efforts supplémentaires en terme de qualité mais « permettra a la Chine de renforcer son avantage concurrentiel mondial dans une perspective à long terme », conclut Mr Zhang.

C’est aussi une réponse à la hausse du coût de l’énergie, qui rend son transport, son exploitation et son forage plus lucratifs. Au mois d’Avril, le chantier Hudong Zhonghua a livré son premier gazier GNL à Shanghai pour un prix de 160 millions de Dollars (cinq fois le prix d’un vraquier local) et une capacité de 150 millions de mètres cube, soit un mois de consommation pour l'ensemble de Shanghai. L’an dernier, le chantier naval de Dalian a commencé la construction de sa première plate-forme de forage semi-submersible. L'année prochaine, Hudong Zhonghua livrera son premier porte-conteneurs 8530 équivalent vingt pieds, tandis que le chantier Shanghaïen de Waigaoqiao livrera son premier FPSO (Floating Production Storage and Offloading) de 300000 TPL.…symbolisée par le futur plus grand complexe de construction navale mondial : l’ile de Changxing.

Conjointement établi par CSSC et le géant métallurgique Baosteel sur l’ile de Changxing citée en début d’article, le nouveau chantier de construction navale Shanghai Jiangnan a été inauguré le 3 Juin, lors du 143eme anniversaire du chantier historique. Dans le cadre de sa délocalisation de la rivière Huangpu à Changxing pour laisser place à l’Exposition Universelle 2010, Jiangnan élargira sa capacité d’une production actuelle de 800000 TPL par an à 4,5 millions d'ici 2010, avec son premier navire livré en 2009.

La Phase II de ce plan de relocalisation organisé par la province de Shanghai d’après les Orientations du Gouvernement Central verra d’autres filiales de CSSC telles que Hudong et Waigaoqiao installer leurs chantiers navals le long des 8 km de côtes de l’ile de Changxing, pour un total de plus de 20 milliards de Yuans d’investissement. Une fois l’opération achevée, CSSC prévoit d’atteindre une capacité annuelle totale de 8 millions de TPL d’ici 2015, soit la moitié de la capacité de production chinoise actuelle. Shanghai sera alors le plus grand centre de construction navale mondial, avec une capacité triplée à 12 millions de TPL.

En attendant, la base de Changxing a déjà reçu commande pour plus de 100 navires et un total de 14 million DWT, prévus pour livraison d’ici à 2011.  

 

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©RCI    Philippe DU FRESNAY