Les cartes de géographie 3 D : un outil pour comprendre le risque humain et économique.

carte 3d 1La carte est l’outil privilégié géostratégique de l'étude des espaces de guerre depuis l’ère romaine jusqu’au développement très récent de la cartographie géo référencée. Elle a fait ses débuts avec la boussole, le sextant, puis les systèmes de projection, puis l’imagerie aérienne et satellitaire qui donnera, parmi les technologies les plus connues, le GPS. Ces technologies ne sont plus seulement au service des militaires et deviennent des outils fondamentaux de l’économie en tant qu’activité humaine dans une prospective environnementale de cette économie.
Nos espaces terrestres et maritimes sont terriblement encombrés donc complexes. Dès l’école élémentaire, nous apprenons à distinguer les éléments géographiques naturels (relief, physique, hydrographie, sols, ressources naturelles, etc..), des éléments artificiels (urbanisation, réseaux, infrastructures d’exploitation telles les barrages,…). Distinction pertinente, mais peu développée dans le cursus scolaire traditionnel tout comme l’économie en général. Toutefois, la plupart d’entre nous, non-experts que nous sommes, avons forgé à travers cet enseignement général, l’intuition du risque face à la transgression des données géophysiques. Voilà qui suffirait à définir le lien naturel qui existe entre l’économie et la géographie physique. Il s’applique aisément à l’économie traditionnelle de l’exploitation des ressources (minières, agricoles, énergétiques) dont l’implantation est directement liée à la localisation de la ressource et du transport depuis ses zones de transformation et de consommation.
Seule, la géographie de la finance et de l’économie de la connaissance a tissé ses réseaux en dehors de toute réalité géographique au sens physique du terme.
Nous resterons sur l’approche élémentaire pour définir la carte. Elle dresse un état des lieux des espaces à un moment donné, en positionnant les éléments artificiels superposés aux éléments naturels. Les cartes géographiques en relief en plastique thermoformé matérialisent en plus la 3ème dimension de l’espace et renvoient instantanément un visuel tactile du territoire physique, de la même façon qu’une maquette volume ou un plan-relief.
Son intérêt pédagogique est considérable parce que la terre n’est pas plus plate que docile.
Pour la plupart d’entre nous, la carte en papier est un outil de voyage ou de navigation largement détrôné par un GPS omniprésent, sensé nous orienter dans les denses réseaux routiers qui sillonnent la terre comme la mer. Avons-nous perdu, avec cet outil, le sens de l’orientation ?
Certes, trouver une adresse dans le dédale de la voirie des lotissements résidentiels ou des zones économiques périurbaines devient un jeu de piste ennuyeux sans GPS. Un peu de nostalgie sur la compréhension élémentaire de l’espace ne nuit pas. Nous savons où nous allons par la position du soleil, des étoiles, de la mousse pour savoir où est le nord, du ballon qui indique la direction du vent, du relief pour savoir où se trouve l’eau. Tous ces signes naturels ont guidé des générations d’explorateurs et de scouts. Cette compréhension de l’espace autour de soi reste à jamais gravée dans les esprits voyageurs qui finalement trouvent toujours leur chemin y compris dans leur existence.
L’observation d’un territoire sur une carte en relief ou encore celle, plus élaborée, de la terre et du climat par des technologies d’observation terrestre, nous montrent à quel point l’économie a épousé la nature physique d’un territoire.
Passé le simple regard sur la dimension physique du territoire, nous voici à la compréhension de tout le reste. Généralement, et depuis des lustres, l’implantation des éléments artificiels issus de l’activité humaine épouse la nature. Les bastides, villes ouvertes, commerçantes se sont souvent posées au bord d’un cours d’eau, d’autres, fortifiées sur les sommets, d’où elles dominent le fief et y renvoyai l’adversaire conquérant. La position d’une ville dit beaucoup sur son Histoire, mais aussi sur ses potentiels.
La montagne reste un milieu hostile au développement, même si le massif alpin y est plus propice avec ses larges vallées que les Pyrénées et ses vallées plus étroites et son emplacement sur une zone sismique. La plaine est propice à l’agriculture, etc…
La nature du relief et la tectonique des plaques donnent des indications sur la pertinence de l’implantation de telle ou telle activité économique.
Si les montagnes recèlent des ressources naturelles considérables, elles constituent des barrières souvent infranchissables entre les régions. En France, toutefois, on assiste au déclin de ces industries d’exploitation au profit des industries plus technologiques implantées dans les plaines, près des grands pôles urbains. La montagne devra sa survie au tourisme. Le pastoralisme pourrait même reprendre ses lettres de noblesse.
La carte en relief révèle aussi les risques. Le relief est la première explication de phénomènes climatiques et géophysiques violents. Beaucoup de services de secours civils départementaux s’appuient sur une carte en relief pour prévoir la nature du risque et préparer leurs interventions dans des zones sensibles, visibles à l’œil nu sur la carte. Une ville nichée au fond d’une vallée à la confluence de plusieurs cours d’eau a toutes les chances d’être dangereusement inondable comme celle qui se pose sur un terrain au niveau de la mer. Cela devrait faire réfléchir les aménageurs touristiques et ceux qui ont bâti des cités balnéaires ou des quartiers entiers au raz des flots, comme ceux qui ont construit une centrale nucléaire à Fukushima, notamment.
Le littoral comme la montagne peuvent devenir des milieux hostiles à la plupart de formes de développement. Le vent se renforce entre les reliefs. C’est pourquoi les opérateurs d’énergie éolienne étudient les implantations de ces nouveaux moulins à vent avec une carte en relief.
Fallait-il implanter une centrale nucléaire sur une zone à fort risque sismique à Fukushima ? Ou Las Vegas dans un désert, loin des ressources en eau ? Bien sûr que non, si l’on se réfère finalement, aux connaissances de base acquises à l’école, au collège au lycée. Pourtant de nombreux experts au service d’une économie qui ignore les lois géophysiques, même élémentaires, ont été capables de les transgresser par le développement des technologies ultrasophistiquées.

© RCI- juillet 2011 -Sandrine HIGUE
 
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